Accueil Gecko Family

"Les montagnes du Chiapas"



Durée : 5 jours, du 5 au 10 Fevrier 2020, distance : 1000 Kms

Retour

1 - Canyon Río La Venta, cascade El Aguacero




Le 5 Fevrier dans l'apres-midi nous quittons les plages pour une longue route vers les montagnes du Chiapas. On avance vite car Delphine stresse deja pour la prochaine etape : retrouver ses parents dans le Yucatan dans une dizaine de jours... Chaque fois que la route longe la mer je regarde defiler les belles plages desertes avec l'envie de m'y arreter quitte a trainer un peu plus... Mais ca me vaudrait des cris, alors on roule ! C'est une cote assez sauvage... Les coins pour dormir ne sont pas legions... Nous avions repere un petit camping en bord de mer pour la nuit mais pour nous y rendre c'est encore 10Kms de piste, ensablée par endroits, etroite, avec des branches. Une fois n'est pas coutume, c'est rare, mais je renonce a avancer plus pour ne pas abimer le Gecko... Du coup on se rabat sur un hotel qui a l'air completement desert mais qui accepte des campeurs sur son parking. Un gardien nous y trouve le soir et nous propose gentiement une douche a l'interieur et de la lumiere. C'est l'occasion de sympathiser et de comprendre un peu mieux la vie des locaux... Le lendemain, 6 Fevrier, nous atteignons la grande ville de Salina Cruz ou on remet du Diesel... j'etais un peu en stress car les stations ne sont pas si nombreuses sur la route cotiere... Le bout de route suivant est tout droit dans un corridor de vent. Les Moine-o-volant qui nous precedent de quelques jours ont failli se faire renverser leur camping-car a capucine par les rafales de vent. Nous etions donc un peu inquiet, mais pour nous c'est calme, rien a signaler... Sauf que nous avions pris la route plutot que l'autoroute pour economiser les peages qui peuvent vitre etre chers, et nous tombons sur un barrage... Des murets de pierre ont ete construits au milieu de la route et les habitants du village manifestent. Mince, nous devons rouler une heure en arriere pour retrouver l'autoroute, ca me gave... Entre topes et blocages, ils ont clairement une mauvaise relation a leurs routes les Mexicains des villages... Alors on tente de prendre l'itineraire bis comme les locaux par la piste au milieu des champs, mais au bout d'une demi-heure deja difficile de slalom entre les trous et les branches basses, on se retrouve bloqués de nouveau par des arbres trop agressifs... Et mince, encore du temps perdu, cette fois il faut faire demi-tour et prendre l'autoroute, plus le choix... Au final ca nous aura coute 3 heures... Ce qui n'est rien sur les presque 1000 heures de route du voyage, mais Delphine qui etait deja nerveuse au matin bouillonne a cote de moi et une grosse dispute explose a la premiere occasion. Ca crie, ca hurle, devant les enfants qui n'en perdent pas une miette... Ah ce n'est pas facile tous les jours la vie en camping-car...




Dans l'apres-midi on avance bien, la route est bonne et belle. C'est long cependant et j'ai reperé sur I-Overlander un coin sympa pour nous arreter : la cascade d'El Aguacero. Malheureusement il y a encore de la piste, en bord de falaise, avec de bons trous et une pente importante. En descente pas de probleme, mais pour la remontée le lendemain j'etais inquiet (mais en gardant les gaz c'est passé en secouant pas mal le camping-car). Il est un peu tard quand nous nous posons mais nous avons quand meme le temps d'aller explorer une grotte au bout du parking. Elle a la particularité d'etre inondée. C'est donc une riviere souterraine. Jade sur mon dos n'ira pas bien loin, mais Johan me suivra sur une centaine de metres en nageant avant d'avoir trop peur des chauves-souris pour oser continuer. Je l'abandonne dans le noir sur un rocher le temps de finir seul l'exploration de la grotte en nageant avec la lampe de poche sur le front jusqu'a deux cascades refuge de nombreuses chauves-souris qui marquent la fin du long boyeau. C'est bon l'aventure ca ! Je me regale... Au retour je recupere un Johan un peu frigorifié et nous retrouvons les filles a l'entree de la grotte. J'adore ce genre de moments ! Nous sommes rejoints au soir tombant par un courageux cycliste solitaire. Nous l'invitons a partager notre repas. Ca me rappelle les mois que j'ai passés sur les routes de France en Afrique du Sud, il y a 20 ans deja... Nostalgie... Mais bon le voyage en camping-car est quand meme beaucoup plus confortable que celui en velo, meme si ce dernier a bien plus le parfum de l'aventure.




Le 7 Fevrier au matin nous allons explorer la cascade proprement dite. Il faut descendre plus de 700 marches pour arriver au fond de la gorge ou elle coule. La fin du chemin est assez aventuriere entre jungle et falaises. Enfin, la voila, qui devale sur des gros champignons de pierre moussus. Les projections d'eau ont permis a une riche vegetation de prosperer... C'est assez superbe !




Ca coule et ca devale un peu partout autour de nous. Avec les enfants on explore tous les recoins. Ca mouille un peu mais ce n'est que du bonheur...




La couleur de l'eau est un peu surprenante, avec un melange de marron et de vert. Entre ca et les falaises autour de nous on se sent comme projetés sur une planete etrange... On se baigne, on barbotte dans le courant, bref, on profite bien, avant de devoir remonter, ce qui se fait sans souci, du moment qu'on raconte des histoires aux enfants non stop... Ca nous aura pris la matinee cette petite rando, et nous mangeons au resto plutot sympa avec une belle vue sur le sommet des falaises, avant de reprendre la route vers la prochaine etape.

2 - Chiapa de Corzo et le canyon du Sumidero




Nous traversons la grande ville de Tuxla Guiterez ou nous galerons un peu dans la circulation chargee pour trouver de l'eau et faire nettoyer le Gecko puis nous filons sur Chiapa de Corzo ou il semble possible de se poser pour la nuit. C'est le point de depart des excursions dans le canyon du Sumidero. Helas il est un peu tard pour prendre un bateau, et trop dur de s'approcher en Gecko des quais par des petites routes de l'epoque coloniale a peine plus large que nous, alors nous nous posons sur la grande place, enorme, a l'ombre d'un fromager geant qui etait sacré pour les Indiens... D'ailleurs je bouge le camping-car un peu plus loin car il porte des gros fruits que je n'aimerai pas voir tomber sur les panneaux solaires. Nous nous renseignons quand meme aupres des policiers pour savoir si nous pouvons rester ici la nuit, mais oui, pas de probleme...




Nous allons faire un petit tour au marché ou les femmes colorées voudraient bien nous vendre des sacs. Deplhine est tentée mais ce sont les enfants qui depensent leur argent de poche dans des poupees et des cartes a collectionner.




En attendant le lendemain, avec Johan, en trotinette, nous allons visiter les ruines de l'antique capitale des Zoques. Il nous faut negocier aprement car nous arrivons apres la fermeture, mais je fais du charme a la gardienne pour qu'elle nous laisse passer, ca aurait ete dommage apres tous les efforts consentis pour venir jusqu'ici. Bon en verite, il n'y a presque rien a voir, juste quelques bases de plateformes portant des temples et palais disparus. Pourtant plus de 200 edifices ont ete identifies mais ils sont ensevelis sous la ville actuelle pour la plupart. Pas loin d'ici plusieurs pyramides completement couvertes de vegetation sont visibles. Dans l'une d'elles les archeologues ont trouve il y a 10 ans une tombe qui aurait 4700 ans, la plus ancienne de meso-Amerique. Dans cette tombe un seigneur et son epouse reposent couverts de bijoux. Helas rien n'a ete fait sur place pour mettre cette decouverte exceptionnelle en avant. Le peuple Zoque est presque aussi ancien que les Olmeques. La cité a commencée sa croissance en -850. Ils faisaient du commerce avec tous les peuples du Mexique et des pays a coté. Leur cité devenue vitre tres grosse a cependant ete progressivement abandonnée quand Teothiuacan a pris de l'importance autour de l'an 600. Bien plus tard, en 1350, des guerriers Chiapas venus du Guatemala ont entrepris la conquete de la region. Ils ont fait de l'ancienne capitale de Zoques leur nouvelle capitale. Grands, toujours nus et sans peur, ils ont tenu tete aux Azteques et aux Mayas puis aux conquistadors, pendant quelques annees uniquement... La legende locale dit qu'ils ont prefere se jeter du haut d'une falaise de 700 metres dans le canyon du Sumidero plutot que de se rendre aux Espagnols qui les exterminerent presque jusqu'aux derniers. Leur histoire et leur culture disparurent completement a cette epoque... Les pretres qui ont parcouru la region a l'epoque nous rapportent seulement qu'ils aimaient le parfum des fleurs et en faisaient d'admirables bouquets...




20 ans apres la conquete les Espagnols ont commencé la construction d'une enorme eglise pour finir de convertir les indigenes. Elle est massive et impressionne toujours. Aujourd'hui le couvent a ete converti en un musee gratuit ou on peut voir les oeuvres d'un artiste un peu tourmenté de la region qui a acquis une renommee internationale. Il celebre la campagne desolee du Chiapas et sa longue tradition de revoltes contre le pouvoir en place.




De bon matin nous allons sur les quais pour attendre un bateau pour le canyon. Helas il ne part que quand il est plein... Il nous faudra attendre un peu plus d'une heure pour reunir les 23 touristes necessaires. Inutile de dire que Delphine bouillonne pendant ce temps. Elle deteste attendre pour rien... En plus comme toujours quand on prend un bateau ca nous coute minimum 50€ ce qui est une bonne somme pour le Mexique. Heureusement le bateau est enfin pret a partir et nous embarquons. Pour une fois Johan a pris un Harry Potter avec lui, mais il passe son temps le nez dans le livre au lieu de regarder le paysage, qui est pourtant impressionnant, avec des falaises de presque 1000 metres...




Le bateau file a toute allure sur les eaux calmes. Il y a 25 kilometres a parcourir entre l'embarcadere et le barrage. Le canyon a longtemps ete tres dur d'acces et plusieurs expeditions ont peries en l'explorant. Ce n'est qu'en 1960 qu'il a enfin ete vaincu. Aujourd'hui, le barrage a egalise les eaux et il ne presente plus aucun danger. Parmi les attractions en route, il y a une cascade petrifiee qui a la forme d'un arbre de Noel, des singes hurleurs accroches aux arbres et des crocodiles qui survivent au milieu des nombreux dechets plastiques venant des grandes villes en amont.




La ballade en bateau nous prend presque 3 heures sous un fort soleil. Nos yeux ont fait le plein de beauté. C'est une faille tectonique vieille de 12 millions d'annees qui a permis a ce canyon d'exister. Bon, Delphine et les enfants n'ont pas trouvé ca extraordinaire pour etre honnete, et ils ont hate de reprendre la route. Alors on mange rapidement au marché et nous roulons une petite demi-heure seulement pour atteindre notre prochaine destination...

3 - La cascade El Chorreadero




C'est un bout de route goudronné qui nous amene devant le parking de la cascade. Ca nous change des pistes des jours precedents. Une courte marche et nous nous retrouvons devant une caverne qui fait comme une vaste porte dans la paroie rocheuse. De la coule la cascade, modeste... Bien entendu la bouche noire de la grotte nous attire irresistiblement et nous y montons, les hommes en escalade, les femmes par l'escalier.




A l'interieur nous suivons la riviere jusqu'a une cascade de 30 metres de haut et un lac souterrain. C'est classe ! Avec les enfants nous nous mettons en maillot, nous cachons le sac et nous partons en exploration avec l'appareil photo sous-marin et la lampe de poche. De l'autre cote du lac, nous montons une longue pente glaiseuse sur le dos d'une cascade petrifiée. A un endroit ou il fallait monter une partie verticale de 2 metres de haut ma prise dans la paroie boueuse lache soudainement et je me retrouve a partir en arriere dans le vide dans le noir. Heureusement je me retourne en vol et me rattrape sur l'etage en dessous de la cascade, sans devaler jusqu'en bas... Mais le choc a ete rude. Pas de gros bobo cependant alors je reprends l'escalade. En haut de la gigantesque salle, il nous faut quelques recherches pour trouver la suite du chemin ou des cordes a noeuds nous permettent de monter. Je passe en premier pour voir si ce n'est pas trop difficile puis je reviens aider les enfants. Apres cette grosse difficulté nous debouchons dans un boyeau de grotte seche qui s'enfonce sous la montagne. Les enfants sont tout excités. Moi qui ai vu le plan a l'entree de la grotte, je sais que ce boyeau continue sur 2 kilometres avant de rejoindre la riviere sous-terraine... C'est une enorme grotte. C'est hallucinant de pouvoir l'explorer librement... En France il y aurait eu des grilles a un moment... Mais Delphine nous attend dehors et je ne pense pas qu'elle aurait la patience de nous laisser aller au bout de la grotte, ce qui nous prendrait plusieurs heures... J'incite donc les enfants a faire demi-tour et on redescend avec precaution la cascade boueuse. Ce n'est que le lendemain que nous nous rendrons compte que ma cuisse et ma fesse ont doublées de volume. J'ai un bleu geant qui me fera mal pendant plusieurs semaines suite a ma chute...




Apres l'exploration de la grotte, les enfants se sentent une ame d'aventuriers...

4 - Chamula et San Cristobal de Las Casas




Le 8 Fevrier apres la canyon en bateau et l'exploration de la grotte, nous avons encore le temps, par une bonne route de montagne bien roulante, de rejoindre Chamula et son etonnante eglise. Ce village est typiquement Maya depuis sa fondation, la police et l'armee Mexicaine y sont interdits. Dans l'eglise se pratiquent des rites etranges n'ayant que peu a voir avec le Catholicisme. Les chamans incitent ceux qui ont besoin d'aide a venir y bruler des petites bougies colorées sur un tapis d'aiguilles de pins dans une forte odeur d'encens. Cette ceremonie doit leur permettre de purifier leur ame. Les saints le long des murs sont assimiles aux anciens dieux Maya. Parfois un coq malheureux est offert vivant en sacrifice, pour les cas ou l'aide demandee aux esprits est tres importante... C'est assez impressionnant, pour les enfants comme pour les parents, et ca permet de toucher un peu du doigt cette culture Maya qui ailleurs a disparue...




Devant l'eglise une vaste esplanade accueille le marché. Nous y cherchons fruits et legumes beaucoup moins chers qu'au Supermarché (et Johan bave devant les bonbons, mais ce sera non !). Les Indiens Maya n'ont guere que leurs maigres plantations pour subsister. Il faut dire que la terre dans le Chiapas a besoin de longues periodes de regeneration, cinq ans sans culture pour une annee avec. Il faut donc beaucoup de terre a une famille pour vivre. Quand les Espagnols sont arrives dans la region, ils ont confisqués les meilleures terres aux Indiens, de force, en ne leur laissant comme choix que de rester sur leur terre en travaillant 4 jours par semaine pour leur nouveau maitre, ou de partir chercher de nouvelles terres dans les montagnes. C'est pratiquement un systeme feodal qui s'est mis en place avec 2% des habitants possedant plus de 50% des terres. Ce systeme a bien entendu fait de nombreux mecontents dans les Chiapas ou les paysans luttent toujours pour avoir assez de terres pour survivre. Cette crise a basculée en 1994 lors de la signature du traité NAFTA de libre echange qui a privé les indigenes d'une loi qui leur permettait de recuperer parfois des terres des gros exploitants. Une armee de liberation Zapatiste a alors pris les armes contre le Mexique et conquis les villes autour de San Cristobal de Las Casas pendant 12 jours, avant que l'armee Mexicaine ne les repoussent dans les montagnes... Une guerilla a suivie, qui a peu a peu perdue du souffle, mais on peut encore rencontrer des barrages sur les routes qui se reclament des Zapatistes pour soutirer quelques sous aux voyageurs... et la situation des paysans qui n'ont pas assez de terres n'a pas trop changée. Ils colonisent les montagnes et ne tirent que peu de bienfaits de la civilisation moderne. Ce sont ces personnes en colere qu'on peut croiser sur les marchés ou au bord des routes, avec parfois une robe de laine noire qui est le symbole de l'appartenance a leur clan Maya.




Apres une nuit tres fraiche sur un parking de supermarché le soleil est de retour le 9 Fevrier pour nous permettre de visiter la tres touristique San Cristobal de Las Casas, une ville fondée par les conquistadors en 1528 et qui a gardé son atmosphere d'epoque, avec de petites rues se croisant a angles droits et de beaux batiments bas et colorés. Le Gecko garé sans trop de problemes non loin du centre, nous sortons les trotinettes pour pouvoir visiter la ville plus facilement. Notre premier arret est pour la place centrale devant la cathedrale dont la belle facade jaune et rouge date de 1721. Helas un tremblement de terre de 8,2 sur l'echelle de Richter a fragilisé en 2017 les eglises de la ville qui sont depuis fermées.




Les boutiques sont nombreuses dans la rue principale de la ville, pietonne, et dans le marché pres du couvent. Delphine fait du leche vitrine... C'est une region productrice d'ambre et les bijoux sont bien beaux. Nous avons meme failli acheter de l'ambre avec insectes, mais j'ai échoué dans ma négociation... Beaucoup de couleurs et des formes interessantes tout autour de nous... Oui, mais voila que je commence a avoir tres mal a la jambe...




Lorsque nous arrivons devant le couvent des Dominicains, fini en 1551, avec sa facade tres ouvragee faite a l'image d'un autel et son cloitre transformé en musée, ma douleur est devenue si forte que je reclame un retour rapide au camping-car pour pouvoir me reposer... Delphine rale un peu car elle aurait voulu faire plus d'achats, mais y a pas moyen : je souffre trop.




Apres un bon repas au resto le plus proche du Gecko et quelques anti-douleurs, nous reprenons la route qui traverse les quartiers peripheriques bien colorés de la ville. Je regarde les escaliers vers le point de vue mais je n'aurai pas la force de les monter... Tant pis pour la vue de la-haut qui devait pourtant etre superbe...




Une demi-heure de route et nous arrivons a notre prochain arret : le parc ecotouristique de Rancho Nuevo. C'est encore une grotte, mais facile d'acces avec une chaussée en beton tout du long. En payant un supplement on peut continuer la visite de la partie sauvage, mais il y a trop de monde et on a deja donné hier... Nous admirons juste les stalactites nombreuses en trainant un peu la jambe, meme si les anti-douleurs font effet.




Le concept de parc eco-touristique, en dehors des grottes a visiter, c'est aussi la possibilité de pique-niquer et de dormir sous la tente en pleine nature (pas trop) sauvage, et de faire quelques activités qui plaisent beaucoup aux enfants comme le toboggan en beton (faut se trouver une bouteille plastique pour mettre sous les fesses) ou du cheval pour pas cher qui ravi Jade tres a l'aise en Amazone. Inutile de dire que les enfants sont aux anges et qu'on aura du mal a les faire rejoindre le camping-car pour la suite de la route...

5 - Ocosingo et Tonina




Et pourtant la route qui nous attend est particulierement longue et penible. Nous n'avons que 95 kilometres a faire, mais il faut compter 3h... La raison ? Nous sommes justement dans les montagnes ou les paysans des Chiapas se sont refugiés. Il y a des petits villages partout, et chaque village a mis en place plusieurs topes pour faire ralentir les voyageurs, en partie pour eviter les accidents et en partie pour avoir une chance de vendre leurs produits. Le malheur c'est que ces topes sont mal fichus : ils sont trop petits et abrupts, nous obligeant a les prendre en seconde au pas pour ne rien abimer dans le camping-car (et pourtant les freins et les suspensions vont souffrir). En plus de ca les topes sont tres mal indiques, sans peinture ou panneau... Sur les photos ci-dessus le jeu consiste a detecter les topes. A gauche le petit tas de cailloux aide un peu... mais a droite l'ombre de l'arbre le rend completement invisible, et gare a celui qui ne freine pas : ca va secouer !




Enfin, nous atteignons notre etape du soir a Ocosingo, dans une maison qui accueille volontier les visiteurs. Les Moine-O-Volant y sont restés trois jours peu avant nous. Il est vrai qu'ils ont le sens de l'hospitalité, et pendant que les enfants jouent avec le perroquet et les balancoires, je me fais soigner a la mode Maya par la grand-mere avec des feuilles bouillies et des feuilles fraiches. Il faut dire que la bosse sur ma cuisse s'est bien etendue et me fait toujours un mal de chien quand je marche... Mais il faut croire que la vieille sait ce qu'elle fait et le bleu sera deja bien resorbé le lendemain, meme si pour l'ematome il me faudra encore du temps pour qu'il disparaisse. En tout cas je serai capable le lendemain de monter toutes les marches de Tonina et ca c'est deja un petit miracle. Quand je questionne un peu ma sauveuse j'apprends qu'elle vit chez ses enfants car son mari passait son temps a boire et a la frapper... Quant au fils, plus eduqué, il reve du retour du train Maya dans le Yucatan et d'une redynamisation de l'economie locale... D'apres lui les topes sont construits par les maires des petites villes chaque fois qu'ils deplorent un mort, souvent un enfant, fauché par une voiture trop rapide...




Nous disons au revoir le lendemain, 10 Fevrier, a cette famille si gentille, pour partir sous un beau soleil visiter Tonina.




La campagne de la vallee de l'Ocosingo est tres belle, toute en verdure et en douces courbes.




Une pyramide apparait soudain au dessus des arbres. Avec 75 metres de haut, c'est la plus haute de toute la meso-Amerique. Pour la visiter il nous faut marcher 30 minutes par une belle route au milieu des champs, passer un petit ruisseau et monter une colline artificielle. Mais avant de faire son ascension, nous commencons par le tres beau jeux de balle construit a son pied par K'inich B'aak Nal Chaak (seigneur de la pluie et de l'inframonde) qui fut le souverain de la cite entre 688 et 707.




Le jeu de balle a de nombreuses sculptures : des disques avec des glyphes pour marquer les buts, des serpents a plume sur les cotés et 6 statues de vaincus les mains liées dans le dos. Les prisonniers representent la reddition de plusieurs souverains de Palanque, a 200Kms d'ici, defaits par la puissance militaire alors a son apogee de Tonina. Le seigneur de la pluie et de l'inframonde n'hesitera pas a declarer que sa cite etait comme un nouveau soleil pour la mesoAmerique, le troisieme apres celui des Olmeques et de Teothiuacan (qui declina autour de l'an 600). Ce soleil sera eclipsé par celui des Tolteques au Xeme siecle puis des Azteques jusqu'a l'arrivee des Espagnols.




C'est peut-etre aussi ce souverain qui a fait construire le palais de l'inframonde vers lequel les enfants nous trainent en courant. Il est a la base de la pyramide, qui fait 320 metres de large a cet endroit, soit 100 metres de plus que la pyramide du soleil de Teothiuacan (qu'elle bat aussi de 10 metres en hauteur). A l'interieur du palais de nombreux couloirs avec quelques escaliers sont faiblement eclairés par quelques lucarnes en croix qui traversent d'incroyables epaisseurs de murs. C'est un vrai labyrinthe et les enfants le parcourent en tous sens et veulent absoluement se cacher pour nous sauter dessus par surprise. C'est plutot chouette. Au fond du labyrinthe on devine une petite chapelle. Est-ce que ce lieu servit de site initiatique pour les jeunes guerriers ? Ce n'est pas impossible...




Au dessus du palais de l'inframonde, d'autres palais s'etagent sur les 7 terrasses de la pyramide. Certains ont conservés de belles frises en stuc decorees de monstres, de danseurs et surtout de tonnes de prisonniers. Dans ce dedale de pieces on trouve des banquettes pour dormir, des cours centrales, des pieces ayant conservees leur plafond, 50 escaliers et surtout des passages secrets menant d'un niveau a un autre qui enchantent les enfants.




Sur la 5eme terrasse les archeologues ont decouvert en 1992 une fresque en stuc de 16 metres de long sur 3 metres de haut. Seule la partie centrale est bien conservée : on peut y voir des bandes de plumes qui separent des espaces. Des medaillons avec une tete decapitee evoquent les vaincus des nombreuses guerres de Tonina. On reconnait un Dieu squelette qui tient dans les mains la tete d'un dirigeant de Tonina et un petit serpent venimeux. On a trouvé des traces de peinture jaune, rouge, bleu, blanc et noir qui montrent que toute la scene etait pleine de couleurs vives. Le mur devant la fresque est celui d'un des 40 autels qui se trouvent un peu partout sur la pyramide pour faire honneur aux dieux Maya.




Au niveau des terrasses 6 et 7 ou se trouvent la majorite des 13 temples qui couronnent la pyramide les escaliers deviennent tres raides, mais nous avons confiance dans l'agilité de nos enfants. Pres de 300 sculptures ont ete trouvees sur le site, dont d'assez rares steles en 3 dimensions reservees aux souverains de la cite, tandis que les captifs sont toujours en 2 dimensions.




Nous arrivons enfin sur le plus haut des temples d'ou la vue est epoustouflante. C'est une ascencion magique et Tonina est en train de prendre la premiere place dans notre coeur de toutes les cites des Mesoameriques. Ca valait bien tous les topes affrontes sur les mauvaises routes des montagnes des Chiapas...




Nous entamons la descente... Sur une petite pyramide en contrebas nous pouvons admirer le sommet de la structure avec la septieme terrasse et 4 temples, dont celui au centre a conservé sa crete de toit percee de dizaines de trous.




De l'autre cote on domine la cinquieme terrasse avec un petit temple pyramide et une stele. Au pied de ce temple git un element de decor en stuc tandis que le sommet apparait dans toute sa splendeur. C'est un incroyable enchevetrement d'escaliers, de murs et de temples.




Nous rejoignons l'escalier central pour finir. Il est tres large, surtout en bas, et se compose de 260 marches. En son milieu se succedent les autels, les steles et aussi des caveaux. 36 tombes ont ete trouvees sur le site.




Notre visite se termine. Le site, en plus d'etre tres beau, avait remarquablement peu de touristes et une liberte complete de mouvements. Il nous a totallement emerveilles, aussi bien les parents que les enfants.




Apres la matinee a Tonina, nous allons pouvoir revasser sur les routes, a 30Kmh de moyenne, pleines de topes jusqu'a notre prochaine destination. Il faut rester concentrés cependant, il y a quelques topes que je ne verrai qu'au dernier moment et qui feront un peu fumer les freins et remuer le camping-car. A un endroit un arbre etait tombé en travers de la route... Et a un autre endroit nous avons eu un petit barrage pour recuperer des sous, mais au final rien de bien mechant, et les montagnes sont tres belles... On a tout le temps de les admirer avant d'arriver pres de Palenque.






Copyright D&G 2020